AAA/AAC

(01/11/2021) AAC – Colloque : « Sens dessus dessous : crises et (contre-)discours »

Le colloque « Sens dessus dessous : crises et (contre-)discours » fait suite aux cinq colloques précédemment organisés par le GReG (Groupe de Recherche sur les Grammaires)1 de l’Université Paris Nanterre tout en s’en démarquant. Il entend prolonger la réflexion sur le paramétrage de la (re)construction du sens, conçue comme une activité langagière dynamique dont l’étude requiert l’intégration des différents niveaux d’analyse (morphosyntaxe, phonologie, prosodie, gestualité, sémantique, pragmatique). Sa singularité découle de son ancrage manifeste dans le contexte de crises que nous continuons de traverser, d’abord caractérisé par le mouvement, en particulier national, d’opposition aux réformes du service public puis par la crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de COVID-19.

En ciblant les liens qui existent entre des événements apparemment déconnectés, ce colloque entend répondre au temps court de la scène politique par le temps (nécessairement) long de la réflexion (collective) à travers l’examen linguistique des discours institutionnels et contre-discours qui caractérisent réformes, crises et ruptures en France, dans le monde anglophone et au-delà.

Les politiques de transformation du service public en général, et de l’enseignement (supérieur) et de la recherche en particulier en France, ont produit une masse de discours institutionnels et de contre- discours qui s’offrent à l’analyse scientifique. De même, la crise sanitaire a vu émerger un discours institutionnel inédit auquel a répondu une variété de contre-discours, contrefaçons, caricatures et discours complotistes qu’il nous semble opportun d’éclairer à la lumière d’enjeux linguistiques, mais aussi sociologiques, philosophiques et historiques.

La question centrale qui nous occupera est celle des ressorts et des effets de ces productions. Les analyses proposées pourront porter sur toutes les langues et couvriront idéalement l’éventail des supports discursifs mobilisés :
– allocutions officielles

– entretiens/débats entre intervenants variés (politiques, journalistes, experts, citoyens, etc.)

– communication numérique : sites web, forums, blogs, réseaux sociaux, tweets, etc. – projets de lois, décrets, ordonnances, circulaires
– rapports d’experts
– comptes-rendus de séances et rapports d’activité

– tracts
– presse politique – etc.

Les aspects du thème général que nous souhaiterions voir développés s’articulent autour de quatre notions liées, dont l’interdépendance pourra être mise à l’étude, sans exclure toute autre piste de réflexion.
– Autorité : Quels sont les paramètres linguistiques qui définissent et permettent de différencier un discours d’autorité, un discours autoritaire, un discours autoritariste ? Comment caractériser le discours d’expert, mis en scène dans les discours institutionnels comme dans ceux qui visent à les disqualifier ? Comment la valeur de décret se construit-elle linguistiquement ? Quelle représentation sémantique se dégage du terme omniprésent de « pédagogie » dans les discours institutionnels ? Quelle autorité (au sens de authority et/ou authorship en anglais) pour les contre-discours et comment se construit-elle ?

– Intersubjectivité(s) : Quelles sont les formes linguistiques qui construisent la présence ou l’absence de l’autre dans un discours ? Dans quelle mesure la voix de l’autre est-elle prise en compte et intégrée dans une co-construction du discours et des objectifs visés ? Quelles stratégies de prise en charge, d’accommodation pragmatique, de modalités intersubjectives peut-on observer dans ces différents types de discours ?

– Transparence/Opacité : Quelle place occupent l’orthophémisme, l’euphémisme et le dysphémisme dans les discours et contre-discours à l’étude ? Dans quelle mesure et par quels procédés linguistiques ces discours recourent-ils à la simplification, d’une part, la complexification, d’autre part ? Ces deux stratégies peuvent-elles aller de pair ? La simplification du discours et/ou sa complexification excessive peuvent-elle engendrer des formes de vacuité du sens ?

– Performativité : Comment s’articule le rapport entre les textes de loi et les discours argumentatifs institutionnels qui les accompagnent ? Quels actes de langage (convaincre, promettre, rassurer, expliquer, etc.) y sont convoqués et sous quelles formes ? Quelles mises en scène caractérisent ces discours ? Quelles sont les propriétés performatives des contre-discours ?

Pour aborder ces questions, des contributions de différents types pourront être proposées, pourvu qu’elles s’appuient sur des corpus authentiques : analyse qualitative de textes, discours, interactions ; caractérisation de types de discours à l’appui de corpus spécifiquement constitués ; étude des sens et usages de formes linguistiques ciblées (marqueurs temporels, aspectuels, modaux, évidentiels, connecteurs logiques, unités phraséologiques, néologismes lexicaux ou sémantiques, etc.). Les études proposées pourront concerner toutes les dimensions de la langue et leurs interfaces (morphosyntaxe, lexicologie, phonétique/phonologie, prosodie, gestualité, sémantique, pragmatique) et s’inscrire dans divers cadres théoriques et méthodologiques(analyse du discours, analyse conversationnelle, sociolinguistique, linguistique énonciative, linguistique cognitive, linguistique de corpus, pragmatique, linguistique interactionnelle, approche multimodale, etc.). Enfin, si le colloque vise à réunir des linguistes, il accueillera également volontiers des communications présentées en tandem disciplinaire (linguistique et sociologie/ histoire/ sciences politiques/ sciences de l’information et de la communication/sciences de l’éducation, etc.).

  • MODALITÉS DE SOUMISSION DATE LIMITE : 1er décembre 2021
  • Nous invitons à la soumission de résumés anonymes d’une page maximum (soit environ 3000 signes), exemples et références bibliographiques compris, en anglais ou en français ainsi que 4 mots-clés, le premier spécifiant le(s) champ(s) disciplinaire(s) de l’étude.
    Les propositions seront examinées anonymement par deux membres du comité scientifique. Elles sont à envoyer, sans mention du nom de l’auteur / des auteurs, par courriel en fichier attaché (format word .doc ou PDF) aux deux adresses suivantes :sraineri@parisnanterre.fr; hchatell@parisnanterre.fr